Ouvrir la porte à l’inconnu

Tellement horrible de se retrouver bloquée et de ne pas savoir où aller. Le cul-de-sac. Faut-il pousser les murs? Y a-t-il un mur? Je pousse. Je ne sens rien. C’est comme si le mur reculait inlassablement. Un mur présent mais impalpable. Je suis épuisée. J’ai peur. Tellement peur. 

Et si je me trompais? Et si tout ceci était vain? Et si je revenais plutôt sur mes pas? Peut-être que je pourrais retrouver ma route. Peut-être que je n’aurais pas à continuer à m’enfoncer dans cette forêt si dense. Si sombre. Argh! Quelquechose me touche le visage. Est-ce une branche? Un insecte? C’est sans doute pire que ça. Je ferme les yeux.

Peut-être que si je me retourne, je retrouverai la trace de mes pas encore fraîche. Peut-être que je pourrais juste retourner là d’où je viens.
Là où je connaissais tous les détails, les couleurs, la forme des meubles.
Là où tout était si familier, si doux, si habituel.
Si peu vivant, aussi. Mais le peu vivant me paraît finalement pas si mal.

Ces émotions-là, on les a – plus ou moins – tous connus. 
J’y vais mais… où exactement?

La peur qui étreint. Le doute qui murmure “t’es vraiment sûre de toi? t’es sûre que t’as fait le bon choix? ça a l’air dur par là, on sait pas trop c’est quoi la suite pour toi…

C’est précisément ce que je ressens là, en écrivant ce billet. 

C’est à ce moment précis, au coeur du doute, que vous devez croire que n’avez pas parcouru tout ce chemin pour vous retrouver à présent bloqué. Vous devez rester avec cette angoisse au cœur, l’accepter et y aller quand-même. Continuer le chemin. Et surtout, surtout: ne pas chercher à chasser cette peur. La remercier pour sa présence et pour tout ce qu’elle vous apprend. Cette angoisse-là vous montre qu‘une partie de vous a quelquechose à apprendre de plus doux sur elle. Une partie de vous a besoin de plus d’Amour. Peut-être est-ce une partie qui pense qu’elle n’est pas assez bien? Qu’elle est trop idiote? Qu’elle n’y arrivera pas? Cochez la case correspondante.

Continuez à marcher, un pas après l’autre. Restez présent à vos émotions et laissez-les vous traverser.

C’est super dur! Un exercice de funambulisme. Vous êtes en équilibre sur un fil. Et en même temps, chaque pas amène de plus en plus de fluidité. De plus en plus de paix. De plus en plus d’apprentissage. De plus en plus de confiance.

Vous devez vous laisser le temps de traverser ça et respirer profondément alors que vous tremblez. C’est ce qu’on appelle vivre en conscience, amener de la conscience sur ce que l’on vit

XENA LA GUERRIERE

Personnellement, ayant été pendant des années une guerrière, voulant dégommer mes émotions douloureuses à coup de bazooka, le chemin fut très long pour arriver à une forme de paix intérieure. D’ailleurs, c’est pas tous les jours le Pays de Candy dans mon monde intérieur. Je continue à “marcher le chemin” comme on dit.

J’ai longtemps été allergique aux mots conscience, écologie & paix intérieures, amour. Il m’a fallu les entendre longtemps. Les lire souvent. De manière à ce que l’essence de ces mots s’imprime en moi et ait finalement une résonance. Fallait du temps pour que ça percute et que l’intégration se fasse, en gros.

Ces mots-là, je les jugeais trop spirituels, trop perchés, trop vagues, trop bisounours. En toile de fond, la question permanente que je me posais: “mais concrètement, on fait quoi pour vivre en conscience ou envoyer de l’Amour vers ce qui nous fait mal?”. Donnez-moi des recettes. Donnez-moi un mode d’emploi. Scoop: y’en a pas.

Survivre émotionnellement demande d’être une guerrière. Les guerrières ne méditent pas. Elles abattent froidement, maîtrisent, contrôlent. Sont dans l’action. Ne se reposent pas.

Il a fallu que la guerrière accepte de déposer – un peu – les armes. Pour ne plus sur-vivre mais vivre. Oh oui, tant de guérison survient lorsque l’on dépose les armes pour accepter ce qui est. Se regarder en face. Faire connaissance avec des parties de soi oubliées, refoulées. Faire la paix avec elles. Les guider.

La guérison, les “déblocages” de chemin, viennent avant tout de l’intérieur. On pourra toujours vous conseiller de faire “ça, et ça, et ça” mais vraiment, tout se passe à l’intérieur de vous. 

BONUS TRACK

Et je sais pas vous, mais… avez-vous déjà retrouvé vos écouteurs tout emmêlés au fond de votre sac? Est-ce que vous avez forcé pour les démêler? Est-ce que ça a fonctionné? 

Bah, non. Il a fallu observer attentivement où étaient les nœuds. Procéder doucement pour ne pas refaire un nœud ailleurs. Se planter et bel et bien refaire un nœud grrr. Faire marche arrière. Et finalement, respirer. De l’attention, de la patience, de la persévérance.

L’Amour, c’est pas juste se faire des gros bisous. 

C’est aussi ça.

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Adeline Anger