J’aurais pu nommer cet article « Pourquoi avoir les cheveux frisés a bouleversé ma vie? ».
On est en 2005. Je suis étudiante en fac d’anglais et découvre sur YouTube une femme afro-américaine qui donne des conseils pour s’occuper des cheveux frisés. Sa manière de parler, d’être, son univers, sa voix: tout m’inspire chez elle. Elle vit à New-York et nous montre parfois ses virées dans les rues emblématiques de la ville, sur fond de musique R’n’b jazzy. Ses vidéos sont une véritable expérience sensorielle.
Des mois plus tard, cette Youtubeuse a commencé à parler d’autres sujets plus personnels. Des problèmes qu’elle rencontrait dans ses relations amoureuses et amicales. Elle a évoqué un livre, qui l’avait beaucoup aidée à mieux s’entourer, prendre de meilleures décisions pour elle.
J’ai acheté le livre. Je l’ai lu. Gros déclic. J’ai senti, très vite, que j’avais besoin de faire des changements importants et radicaux dans ma vie. Et…. j’ai eu très peur. J’ai refermé le bouquin aussi vite. Je n’allais quand-même pas faire ça.
Changer une partie de qui je suis.
Comment faire?
Ça va m’emmener où?
Est-ce que mon entourage aimera cette nouvelle version de moi?
Est-ce que je vivrai une vie agréable, qui me convient?
Est-ce que je ne vais pas « tout perdre »?
Changer, c’est plonger dans l’inconnu. Et parfois, on préfère rester sur le vieux canapé abîmé – mais confortable – plutôt que d’en essayer un qui nous conviendrait davantage. Après tout, on SAIT qui on est aujourd’hui avec nos angoisses, avec nos peurs, avec notre culpabilité ou notre colère.
IL Y A UN CERTAIN CONFORT DANS L’INCONFORT
Mais qui devient-on si on n’est plus la personne à consoler dans la famille?
Est-ce que les gens s’intéresseront à nous si nous n’avons plus de problèmes à raconter?
Qui devient-on si on passe de la personne « forte » de la famille – voire celle qui porte sa famille – à celle qui ose parler de ses blessures?
Celle qui ose reprendre sa place légitime de fille ou de sœur, avec sa vulnérabilité?
Celle qui lâche des responsabilités qui ne sont pas les siennes?
Celle qui pense finalement à elle avant les autres?
On imagine qu’on veut juste se débarrasser d’un poids, se libérer d’une émotion qui nous dérange, traverser une épreuve… Mais, en arrière plan, il y a aussi une nouvelle identité qui se construit. Et c’est – un peu – flippant.
C’est un joli travail qui peut commencer. De la sueur, des efforts, des pas en avant, en arrière, des doutes. Et c’est tellement gratifiant.
TREMBLEZ MAIS METTEZ-VOUS EN MOUVEMENT
Si vous avez du mal à passer à l’action, observez vos résistances à l’œuvre. Questionnez-les. Ne les détestez pas.
Un déclic peut tenir à un détail: une affaire capillaire et un livre m’ont propulsée sur une route dont je ne connais pas encore la destination.
Rappelez-vous qu’un jour vous avez eu assez de courage pour apprendre à marcher. Et que la vie n’est pas tellement différente de ça. Mais on a vieilli alors on a oublié.
Un pas à la fois.