Je viens de taper sur Google: comment être honnête avec soi-même. Je balaye du regard les résultats, qui sont pour la plupart, des contenus stricts, ordonnées, polissés, plein de bons conseils et de méthodes qui fonctionnent. J’ose le dire: malgré la pertinence des résultats, ma lecture m’ennuie.
Je tente une deuxième recherche: comment aider un enfant de 2 ans à s’endormir seul dans son lit. Mêmes résultats. J’aurais tellement préféré lire les tribulations de mamans qui ont exploré des manières de faire plutôt qu’une méthode bien rodée et des astuces d’experts en sommeil.
J’aime lire des textes vivants et habités, bien qu’ils n’aient pas la préférence du SEO. Car c’est en s’immergeant dans les histoires des autres que l’on écrit la nôtre. Qu’on découvre ce qui entre en résonance avec nous.
Cet article, je l’écris pour celles et ceux qui aiment les nuances que la vie nous offre et les nuances impliquées par le travail sur soi. Car je crois qu’être honnête envers soi n’est pas une affaire de méthode ou de séries d’actions à suivre.
C’est plutôt un chemin sur lequel on s’engage et au cours duquel on fera des pauses, des retours en arrière, telle une exploration grandeur nature sans fin.
BAS LES MASQUES
Être honnête envers soi, c’est faire connaissance avec soi, se regarder en face et aimer ce qu’on voit. Mais de quel Soi je parle exactement? On a vite fait de s’identifier à une partie de nous qui ne nous représente pas entièrement.
Bah oui, y’a personne dans votre tête pour valider ce qui se passe en vous. Personne pour voir vos angles morts. Personne pour vous dire mmmh, non, t’es pas exactement honnête avec toi-même là.
C’est donc facile de perdre le fil de la discussion entre toutes nos voix, toutes nos émotions et toutes les pensées qui nous traversent. Sans faire attention, on peut s’identifier à une part de nous… alors qu’elle ne représente pas notre essence véritable.
Car il y a toujours des comportements et des manières de penser qui ne sont que des protections. Il y a des choses que vous faites et que vous êtes… qui ne sont pas vous. Une protection est une chose que vous avez fabriquée et qui vient couvrir et cacher une partie vulnérable. Comme un pansement protège une plaie sanglante du sable et du vent.
C’est super utile de se protéger et c’est ce qu’on apprend à faire dès notre plus jeune âge. Quand on s’ouvre au monde. Quand on crie au Monde moi, je suis comme ça. Quand on exprime ses besoins et désirs de la manière la plus directe et la plus transparente. Vulnérabilité à nue qui ne rencontre pas toujours un accueil doux et enthousiaste du Monde.
Vous arrivez dans un Monde qui n’est pas toujours équipé pour vous recevoir entièrement. Vous rencontrez des parents et des figures d’autorité qui portent leur propre histoire et un environnement social, familial, culturel qui porte ses propres codes.
Alors, pour se protéger, on rentre dans un moule. Pour être aimé, pour plaire aux autres, pour rassurer. Pour rester connecté à ce Monde, en dehors duquel on s’imagine mourir. De toute façon, quand on est petit – et même à l’âge adulte – est-ce qu’on s’imagine qu’un autre Monde puisse exister en dehors des frontières que l’on perçoit? Pas exactement.
On devient autre et on se protège, pour faire partie de ce monde. Et on finit par croire que ce personnage fabriqué est la vérité. Mais ça ne l’est pas; ça ne l’est jamais.
L’honnêteté envers soi commence ici: qu’est-ce qui est vrai chez moi?
SE TAIRE ET ECOUTER
Pour être honnête avec soi-même, vous avez besoin de développer une écoute très fine de vous-même. Sentir qui parle en vous, à chaque instant de votre vie. Par exemple, j’écris cet article grâce à plusieurs parties qui vivent en moi:
– Adeline, la petite fille qui adorait prendre sa copie double et son stylo plume pour écrire la dictée,
– Adeline, la force créative qui permet de taper ces mots de manière fluide,
– Adeline, la correctrice à lunettes qui vérifie qu’il n’y a pas de faute d’orthographe ou de frappe et que le contenu dans son ensemble est cohérent,
– Adeline, l’espiègle qui veut injecter du fun dans ses écrits car elle n’aime pas les contenus lisses trop didactiques.
Toutes ces parties ont des intentions différentes et pourtant, elles travaillent ensemble, main dans la main. Elles se chamaillent aussi. Je recadre Adeline la correctrice de temps en temps car elle juge sévèrement mon travail et le critique, ce qui gonfle prodigieusement Adeline l’espiègle. Mais pour écrire – ce qui ne représente pas un enjeu vital pour moi – je dirais que la collaboration se passe bien.
Maintenant, transposons cela à… de plus gros sujets. Par exemple, vous êtes en relation amoureuse avec un partenaire et pour des raisons évidentes, vous rompez. Vous avez pris la décision, vous savez que c’est un bon choix pour vous. Malgré cela, vous sentez des doutes, de la nostalgie, avez du mal à passer à autre chose, vous vous posez beaucoup de questions.
Ce méli-mélo vient de discussions entre plusieurs parties de vous qui ne veulent pas toutes la même chose. Tant qu’il n’y a pas d’accord formulé entre toutes, la bataille interne continuera. Dans ce chaos, vous avez le pouvoir. Nommez les émotions comme elles sont, sans les juger.
Oui, il y a de la colère, de la rage, une envie de vengeance, la tristesse… mais il y aussi peut-être le manque, l’attachement… et plein d’autres émotions que vous jugerez étranges ou inappropriées. Notez-les toutes. Surtout s’il y a un paradoxe ou une incohérence dans vos émotions.
Prendre conscience de ces discussions et les écrire dans un journal peut vous aider à faire connaissance avec les parties qui vivent en vous. Et aussi à les comprendre pour infine… les aimer et vous connecter à votre véritable authenticité. Il faut beaucoup dialoguer avec soi pour reconnaître qui nous sommes, au fond.
QUAND LE CORPS PARLE
Dailleurs, je parle de discussions mais en réalité… la communication ne se fait pas exclusivement par des mots. Beaucoup de vérité se cache dans votre corps et ce qu’il exprime. Savez-vous prêter attention? Votre corps vous dira toujours la vérité.
Est-ce qu’il se contracte au contact de certaines situations ou certaines personnes? Est-ce que vous ne ressentez rien comme si vous étiez anesthésié? Ne rien ressentir est aussi une information.
Votre corps s’exprime dans un langage unique que seul vous pouvez comprendre. Bien sûr, il existe des interprétations telles que vous avez mal au dos = en avez-vous plein le dos en ce moment? portez-vous quelquechose de trop lourd? Mais je vous dirais plutôt de ne pas vous fier à ce genre d’interprétations et d’aller à l’intérieur pour écouter et découvrir le message de votre corps.
Vous pouvez vous poser ces questions et observer ce qui se passe dans votre corps:
– Où est-ce que j’en suis? Qu’est-ce que je désire pour ma vie?
– Est-ce que je suis là où j’ai envie d’être?
– Est-ce que j’ai la vie que je pense mériter?
– Est-ce que je rêve de plus?
Si c’est une partie enthousiaste et rêveuse qui répond: que ressentez-vous dans votre corps? A quoi ressemble l’enthousiasme pour vous?
Si c’est une partie sceptique ou très sérieuse qui s’exprime: comment votre corps exprime-t-il cela? Un soupir, un silence, une contraction, un « à quoi bon répondre à ce genre de questions? »
Lorsque l’on dialogue avec soi, on recupère tout ce qu’on peut. Toute expérience, mot, sensation dans le corps a un message à délivrer. Il faut prendre soin de nos murmures car ils sont précieux. Ce qui me mène au 3ème point…
ABSOLUE NECESSITE: LA CURIOSITE
Dans les méandres des pensées de tous les personnages qui vivent en nous, la curiosité est une véritable arme d’amour massif. Pourquoi?
Car aborder quelqu’un avec curiosité est le meilleur moyen de faire connaissance avec lui et qu’il s’ouvre à la relation sincèrement. A la curiosité, j’ajouterais l’humilité. L’humilité de poser vos questions sans préjuger de qui vous avez en face de vous.
Lorsque vous vous intéressez à vous-même, vous découvrez des pans de votre identité qui vous semblent aussi solides que du béton armé. Mais gardez à l’esprit que vraiment, beaucoup de ce que vous pensez stable peut bouger. Beaucoup de ce que vous pensez bon pour vous, ne l’est pas forcément. Beaucoup de vos jugements peuvent évoluer. En douceur à votre rythme.
Vous devez garder cette souplesse car c’est elle qui vous permettra d’admettre que tel ou tel chemin n’est pas pour vous. C’est en étant résilient que vous pourrez cohabiter avec les questions: que vont penser les autres si je change? vais-je survivre? vais-je tout perdre? et continuer votre chemin, en intégrité radicale avec vous-même.
ET LA MALHONNÊTETE?
L’inverse de l’honnêteté, c’est la malhonnêteté. Et en cherchant des synonymes, je suis tombée sur manque de bonne foi, perfidie, traîtrise. Des mots à la moralité douteuse.
Être honnête, c’est bien.
Mais être malhonnête, c’est mal alors?
Je ne crois pas.
Je crois que se cacher la vérité n’est pas un acte de faiblesse. C’est simplement ce que l’on fait pour se protéger radicalement de quelquechose que l’on n’est pas en capacité de gérer. Que la vérité est trop effrayante. Serait-elle si effrayante, au fond? C’est vous qui savez.
Bien sûr, j’ai envie de vous encourager: allez-y, entrez en contact avec vous-même, sortez du déni. Mais la force du déni réside dans le fait qu’il embourbe la personne dans du pétrole noir. Elle ne se voit plus. Il y a déconnexion.
Elle ne sortira du déni ni par choix, ni par volonté. Il faudra une sorte de déclic créé par l’extérieur: des mots, une rencontre, une situation… quelquechose de mystérieux qui fait bouger les lignes, de manière inattendue.
Être honnête envers soi est la voie royale de la réalisation de Soi. Je sais qui je suis, je sais d’où je viens et je sais où aller. Encore faut-il être patient et ouvert d’esprit quant à… ce qui se présentera à vous.
Vous souhaitez travailler avec moi?
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